Histoire des cartes à jouer

Difficile de savoir quelle est l’origine exacte des cartes à jouer ! La seule certitude est que les cartes n’ont pas été inventées en Europe…

Quelle est l’origine des cartes à jouer ?

Les cartes à jouer sont apparues en Europe à la fin du XIVe siècle. Très peu de textes et de jeux datent de cette époque.

Les premiers signes

Les premiers signes de cartes à jouer sont d’origine chinoise durant la dynastie Tang  (618-907) qui seraient elles-mêmes un dérivé de dés divinatoires indiens. La première référence mondiale à un jeu de carte se trouve dans « Collection of Miscellanea at Duyang » écrit par l’écrivain de la dynastie de Tang, Su E. Il décrit la princesse Tongchang jouant au « jeu de la feuille » avec le clan Wei (la famille de son mari). Vers le 11e siècle, les cartes peuvent déjà être trouvées sur tout le continent asiatique. Les échanges marchands avec les mongols le long de la route de la soie ont probablement beaucoup aidé à rapprocher de plus en plus les cartes de l’Europe.

  Elles semblent avoir été développées à partir des anciens dés en provenance d’Inde et en liaison avec des pratiques divinatoires. La plus ancienne carte, datée environ de 1400, a été trouvée par Albert von Le Coq à Tourfan en 1905 dans la province chinoise du Xinjiang. Les cartes sont parmi les premiers exemples de xylographie apparus à la fin de dynastie des Tang (Xè siècle).  Jopseh Needham estime au vu de différentes sources que les cartes à jouer (en papier) remontent au moins au IXè siècle.

Au début de la période Song, soit au XIè siècle, une évolution donna naissance aux dominos.

         Les cartes chinoises correspondent à trois types de jeux : les cartes domino* , les cartes monétaires et les cartes d’échecs, qui reproduisent les pièces du Xiangqi (échecs chinois).

* Le jeu de dominos est un jeu de société d’origine chinoise, utilisant 28 pièces (dans le cas d’un jeu « double-six »), les dominos. Le nombre de joueurs est limité à cinq ou six. Ce jeu est très développé dans les îles françaises d’outre mer comme sur l’île de La Réunion qui représente un jeu familial, et on y joue aussi lors des veillées funéraires, ce qui est une tradition sur l’île.

  • Introduction en Europe

Elle se fait par l’Italie (plus précisément Venise) vers la fin du 14e siècle. Les cartes sont ramenées par l’intermédiaire des Mamelouks d’Égypte. 

Leur jeu était similaire à celui connu aujourd’hui : un jeu de 52 cartes divisées en 4 séries : bâtons de polo, les pièces, les épées et les coupes ; les figures sont le roi, le vice-roy et le second (pas de reine).

Leur succès était tel que l’église s’en inquiéta et décida d’interdire leur usage pour les religieux (du 14e au 17e siècle) sous prétexte que les cartes à jouer sont « contraires à l’usage modéré des passions ».

Elles continuent cependant à se répandre très rapidement à travers l’Europe et ce par les progrès de l’imprimerie.

Les cartes européennes fonctionnent généralement avec 4 séries (Cœurs, cloches, feuilles, et gland en Allemagne ; épée, bâtons, coupes, et pièces en Espagne et Italie).

Le jeu finalement devenu le « standard » est le jeu français : cœur, carreau, trèfle et pique (le trèfle et le pique sont probablement tirés du gland et de la feuille allemande).

Le design créé à Rouen (similaire aux cartes bicycle) devient le standard en Angleterre, alors que le design Parisien (similaire au tarot) devient le standard en France.

Les enseignes françaises (Trèfle ♣ , Carreau ♦ , Cœur ♥ et Pique ♠) sont introduites par les cartiers français à la fin du XVe siècle pour avoir une reproduction plus facile à moindre coût de fabrication

Mi 18ème siècle à aujourd’hui

Jeu de cartes sous la Révolution Française dessiné par Jacques-Louis David.

Force / Génie de la guerre
Fraternité / Liberté des cultes
Sécurité / Égalité de devoirs

Force / Génie du commerce
Industrie / Liberté des professions
Courage / Égalité de couleur

♣ Prospérité / Génie de la paix
Pudeur / Liberté du mariage
Justice / Égalité de droits

♠ Goût / Génie des arts
Lumière / Liberté de la presse
Puissance / Égalité de rang

Vers le milieu du 18e siècle, un dessinateur de cartes d’Agen eût l’idée de dessiner les figures de façon symétriques, pour éviter de devoir tourner les figures une fois les cartes en main.

Ces cartes furent interdites par le gouvernement français dans un premier temps mais furent utilisées en Espagne et en Angleterre à partir de la 2e partie du 18e siècle.

Certains changements furent aussi appliqués en France pendant la révolution : l’as serait devenu la carte la plus forte du jeu pour symboliser la puissance du peuple face au roi.

Les rois furent aussi remplacés par des génies, les dames par des libertés et les valets par des égalités. Mais ces changements de nom furent annulés par Napoléon en 1805. Pratiquement 100 ans plus tard, les jokers furent introduits aux jeux Américains (fin du 19e siècle) et ajoutés officiellement aux jeux français au début du 20e siècle. Ce sont maintenant les jeux que nous connaissons aujourd’hui.

En 1858Baptiste-Paul Grimaud introduit en France les coins arrondis, pour éviter qu’ils ne s’effritent.

Avant 1800, le verso des cartes — à l’exception des jeux de tarot — était blanc. Les gens les utilisaient parfois pour transmettre des messages, mais les Américains innovèrent de ce côté-là. Au début, ils imprimaient des publicités pour promouvoir toutes sortes de choses (idées, modes, idéologies, services, paysages célèbres, etc.) mais, peu à peu, des gravures abstraites les remplacèrent. Les publicités tendent de nouveau à apparaître.

Nos cartes à jouer étant aussi des cartes à prédire l’avenir via la cartomancie, affichent en grande partie des personnages de la Cour ou des héros. Essentiellement Françaises, leurs dénominations se rapportent aux gens de l’époque du Moyen-Age, à leurs pensées et à leurs exploits. Elles incarnent l’idéal de la chevalerie et de l’amour courtois dans l’Europe Médiévale du XIVème siècle, à la fin du Moyen-Âge et au début de la Renaissance. Mais qui représentent-elles?

De cette époque, nous avons encore un Roi, une Reine, un Valet. L’Écuyer du temps est disparu et fut remplacé par le dix. Tel un jeu militaire, ces cartes sont à la tête de leurs soldats: soit les cartes numérales se déclinant de un à dix.

Quant aux couleurs — ou enseignes, emblèmes, suites —, elles avaient aussi une signification militaire: le cœur, représentant la bravoure; le pique, les armes; le carreau, la stratégie et les déplacements utiles pour gagner les batailles; et les trèfles, les fourrages nécessaires à toute armée en campagne. Puis les As — du Latin as, la plus petite unité de monnaie —, symbole de l’argent et nom d’une monnaie romaine.

Voici le modèle français (origine du XVème siècle (1450–1470)) qui s’est imposé de par le monde.

  • Le Roi de Coeur Charles (Charlemagne, Empereur d’Occident, considéré comme le « Père » de l’Europe);
  • Roi de Carreau César (Jules César, Empereur de Rome);
  • Roi de Trèfle ♣ Alexandre (Alexandre Le Grand, Roi de Macédoine, Pharaon, conquérant de l’Asie);
  • Roi de Pique ♠ David (David, Roi des Hébreux, 2ième Roi d’Israël; il tua le géant Goliath).
  • La Dame de Coeur Judith, héroïne biblique (représentant Isabeau de Bavière, épouse du Roi Charles VI, Reine aussi galante et volage qu’infâme);
  • Dame de Carreau Ragnelle (Dame Lady Ragnelle, épouse de Sir Gawain, Chevalier de la Table Ronde du Roi Arthur);
  • Dame de Trèfle ♣ Argine (ou Argeia, Argea, Argia – fille du Roi Adrastus de Argos en Grèce, épouse de Polynices le Roi exilé de Thèbes);
  • Dame de Pique ♠ Pallas (déesse de la guerre et de la liberté, équivalant à Athena, déesse grecque; ou à Minerve, déesse romaine. Elle peut aussi représenter Jeanne d’Arc, celle qui sauva le Royaume de France contre les Anglais).
  • Le Valet de Coeur La Hire ou Lahire (Étienne de Vignolles) — (premier Chevalier du Roi Charles VII de France; compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, dite la pucelle d’Orléans; son surnom de La Hire vient des anglais qui l’ont surnommé “la Hire-Dieu”, du vieux français la IRE de Dieu ou colère de Dieu);
  • Valet de Carreau Hector (Hector de Galard de Brassac, chambellan de Louis XI, Chevalier de l’Ordre de Saint Michel, commandant des Gentilshommes à Bec-à-Corbin, demi-frère de Lancelot du Lac, héros de la guerre de Troie);
  • Valet de Trèfle ♣ Lancelot du Lac (Lancelot, fils du roi Ban de Bénoïc et de la reine Élaine, le meilleur des Chevaliers de la Table Ronde du Roi Arthur, chargé de mission pour la quête du Graal, archétype du chevalier courtois au service indéfectible de sa dame (ils sont amoureux l’un de l’autre): la reine Guenièvre, épouse du Roi Arthur. * NOTE: d’autres sources réfèrent à Judas Maccabée (Judah Maccabee) VS la rébellion Juive contre les Syriens);
  • Valet de Pique ♠ Ogier Le danois, ou Hogier (Ogier de Danemarche (Holger Danske), fils du Roi Gudfred du Danemark; paladin (chevalier errant), héros de La Chanson de Roland, cousin et mercenaire de Charlemagne).

 

Quelques changements de design à travers le temps : (ces changements se sont faits petit à petit, sûrement dus aux mauvaises copies)

Roi de trèfle : il a perdu la main tenant son globe surmonté d’une croix (à cause de l’adoption de la symétrie). Son globe flotte maintenant dans les airs. Les doigts tenant le globe ont été absorbés dans sa décoration, et la croix qui est sensée le surmonter ressemble plus à une feuille bizarre qu’à une croix.
Valet de trèfle : La longue plume qu’on pouvait trouver sur les anciens dessins de Rouen s’est rétrécie et a maintenant aussi l’air d’une feuille.
Roi de cœur : Sa hache s’est transformée en épée et il a perdu sa moustache.
Valet de cœur : son épée s’est changée en feuille.
Roi de pique : Il a lui aussi perdu sa main droite.
Valet de pique : Il s’est laissé pousser la moustache, et sa lance ne ressemble plus à rien !

       Joueurs de cartes – Paul Cézanne

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